« [...]La police a été dépêchée dans la nuit sur les lieux de l’incident ; aucune hypothèse n’est pour le moment écartée. Nous aurons plus d’informations au fil de la journée sur ce qui s’est passé cette nuit, en plein cœur de Kabuki-chō. »
Une courte respiration, un jingle de transition.
« Et pour conclure sur une note positive, nous aurons le droit ce week-end à une scène ouverte laissant la piste aux idols les plus tendances du moment. Ça se passera au Sunshine City, centre emblématique d’Ikebukuro. »
La dernière ligne droite.
« C’est tout pour l’actualité ; il est 7h05, vous êtes sur Radio Tokyo et on se retrouve après ce court intermède musical pour notre interview matinale. »
Le dernier hit se lance, le rythme commence à peine qu’elle pose son casque sur le côté. Elle souffle. L’exercice, qu’elle déroule depuis quelques temps maintenant, réserve chaque jour son lot de surprise. Dur numéro d’équilibriste entre le sérieux et l’austérité des morts encore trop fréquentes, qu’elle se doit de faire suivre de l’enthousiasme des petites joies du quotidien. Sans doute ira-t-elle au Sunshine demain, elle aimerait bien.
Elle prend délicatement sa tasse en remerciant l’assistante d’un sourire. Elle est occupée avec son invité. Il leur reste deux minutes. On l’entend souffler à nouveau, cette fois sur son café. Elle s’est encore brûlée la langue ; une telle habitude qu’elle pense bientôt perdre définitivement le goût. Ça aura au moins l’avantage de rendre la boisson supportable.
En face d’elle, des fiches, des graphiques, beaucoup d’annotations. Il est venu préparé. Elle reconnaît des courbes qu’elle a révisé la veille, entre deux coupures de presse récentes. Cette entreprise la prend au sérieux, elle est flattée. Mais lui ? Il eu un geste agacé et manqua de renverser son café. Sa collègue fait bien trop de révérences et s’éclipse. Comme si elle avait à s’excuser d’être attentionnée. Il parcourt du regard ses notes, avec un dédain certain.
« Vous devez tellement avoir l’habitude de tout ça, ça en devient presque ennuyeux, non ? »
Il hausse un sourcil et l’observe droit dans les yeux pour la première fois. Si elle faisait preuve de sarcasme, rien dans son expression ne trahissait autre chose qu’une compassion lasse.
« Je ne–...
– Retour à l’antenne dans 3… 2… 1... »
Le haut-parleur s’éteint. Elle sourit encore. Elle n’oserait pas gâcher tous ces efforts, elle fera de son mieux.
« Bonjour, vous êtes toujours sur Radio Tokyo. Si vous venez de nous rejoindre, vous arrivez pile à l’heure pour l’entretien avec notre invité Kugo-san, responsable des relations publiques de la société privée des voies de rails du Japon. Bienvenue sur notre antenne, Kugo-san, merci d’avoir accepté notre invitation.
– Bonjour Fujikawa-san, merci à vous de m’accorder ce temps.
– Pour nos auditeurs, je me permets de rappeler un peu de contexte. Depuis des années, les syndicats ouvriers nationaux des travailleurs des trains essaient de faire entendre leur voix pour de meilleures conditions. Certains voient dans la privatisation une façon de faire taire la contestation sous couvert de loi du marché compliquée dans notre économie pourtant florissante, avez-vous un mot pour les rassurer ? »
Il aurait pu l’écouter les jours précédents, il n’aurait pas cette expression désarçonnée. Elle sait qu’il aura une réponse formelle, elle pourrait presque lui pointer quel papier utiliser. Parce que c’est ainsi avec Yukiko, elle ne cherche pas à piéger. Elle pense sincèrement que tout le monde cherche à faire de son mieux, et qu’il suffit de leur en donner l’opportunité pour que chacun puisse s’expliquer. Et c’est parce que chaque individu avance à sa façon vers un monde meilleur qu’elle n’hésite pas à rappeler à chaque pas chaque responsabilité.
Et là est la sienne ; pour chaque personne qui écoute, essayer de leur proposer la vision la plus éclairée. Qu’ils soient une dizaine, une centaine, peut-être plus – elle n’ose regarder l’audimat, ça lui donne des vertiges. Même si on lui refusera d’inviter les représentants syndicaux, même si on l’incitera à faire un peu plus attention à ses formulations, même si elle écoutera sans broncher. Elle pourra se dire, au fond d’elle-même, qu’elle aura fait elle-aussi exactement ce qu’elle pouvait.
Une courte respiration, un jingle de transition.
« Et pour conclure sur une note positive, nous aurons le droit ce week-end à une scène ouverte laissant la piste aux idols les plus tendances du moment. Ça se passera au Sunshine City, centre emblématique d’Ikebukuro. »
La dernière ligne droite.
« C’est tout pour l’actualité ; il est 7h05, vous êtes sur Radio Tokyo et on se retrouve après ce court intermède musical pour notre interview matinale. »
Le dernier hit se lance, le rythme commence à peine qu’elle pose son casque sur le côté. Elle souffle. L’exercice, qu’elle déroule depuis quelques temps maintenant, réserve chaque jour son lot de surprise. Dur numéro d’équilibriste entre le sérieux et l’austérité des morts encore trop fréquentes, qu’elle se doit de faire suivre de l’enthousiasme des petites joies du quotidien. Sans doute ira-t-elle au Sunshine demain, elle aimerait bien.
Elle prend délicatement sa tasse en remerciant l’assistante d’un sourire. Elle est occupée avec son invité. Il leur reste deux minutes. On l’entend souffler à nouveau, cette fois sur son café. Elle s’est encore brûlée la langue ; une telle habitude qu’elle pense bientôt perdre définitivement le goût. Ça aura au moins l’avantage de rendre la boisson supportable.
En face d’elle, des fiches, des graphiques, beaucoup d’annotations. Il est venu préparé. Elle reconnaît des courbes qu’elle a révisé la veille, entre deux coupures de presse récentes. Cette entreprise la prend au sérieux, elle est flattée. Mais lui ? Il eu un geste agacé et manqua de renverser son café. Sa collègue fait bien trop de révérences et s’éclipse. Comme si elle avait à s’excuser d’être attentionnée. Il parcourt du regard ses notes, avec un dédain certain.
« Vous devez tellement avoir l’habitude de tout ça, ça en devient presque ennuyeux, non ? »
Il hausse un sourcil et l’observe droit dans les yeux pour la première fois. Si elle faisait preuve de sarcasme, rien dans son expression ne trahissait autre chose qu’une compassion lasse.
« Je ne–...
– Retour à l’antenne dans 3… 2… 1... »
Le haut-parleur s’éteint. Elle sourit encore. Elle n’oserait pas gâcher tous ces efforts, elle fera de son mieux.
« Bonjour, vous êtes toujours sur Radio Tokyo. Si vous venez de nous rejoindre, vous arrivez pile à l’heure pour l’entretien avec notre invité Kugo-san, responsable des relations publiques de la société privée des voies de rails du Japon. Bienvenue sur notre antenne, Kugo-san, merci d’avoir accepté notre invitation.
– Bonjour Fujikawa-san, merci à vous de m’accorder ce temps.
– Pour nos auditeurs, je me permets de rappeler un peu de contexte. Depuis des années, les syndicats ouvriers nationaux des travailleurs des trains essaient de faire entendre leur voix pour de meilleures conditions. Certains voient dans la privatisation une façon de faire taire la contestation sous couvert de loi du marché compliquée dans notre économie pourtant florissante, avez-vous un mot pour les rassurer ? »
Il aurait pu l’écouter les jours précédents, il n’aurait pas cette expression désarçonnée. Elle sait qu’il aura une réponse formelle, elle pourrait presque lui pointer quel papier utiliser. Parce que c’est ainsi avec Yukiko, elle ne cherche pas à piéger. Elle pense sincèrement que tout le monde cherche à faire de son mieux, et qu’il suffit de leur en donner l’opportunité pour que chacun puisse s’expliquer. Et c’est parce que chaque individu avance à sa façon vers un monde meilleur qu’elle n’hésite pas à rappeler à chaque pas chaque responsabilité.
Et là est la sienne ; pour chaque personne qui écoute, essayer de leur proposer la vision la plus éclairée. Qu’ils soient une dizaine, une centaine, peut-être plus – elle n’ose regarder l’audimat, ça lui donne des vertiges. Même si on lui refusera d’inviter les représentants syndicaux, même si on l’incitera à faire un peu plus attention à ses formulations, même si elle écoutera sans broncher. Elle pourra se dire, au fond d’elle-même, qu’elle aura fait elle-aussi exactement ce qu’elle pouvait.
Vous aussi, participez !
Racontez à la suite une tranche de vie de votre personnage autour de cette horaire, avec la radio en fond.
Un message par personnage. Pas de limitation de lieu.
Vous pouvez ajouter des éléments sur ce qui est diffusé (la musique, d’autres news, etc) – si vous le faites, n’hésitez pas à le récapituler pour les autres à la fin.
À vous les micros ~
Racontez à la suite une tranche de vie de votre personnage autour de cette horaire, avec la radio en fond.
Un message par personnage. Pas de limitation de lieu.
Vous pouvez ajouter des éléments sur ce qui est diffusé (la musique, d’autres news, etc) – si vous le faites, n’hésitez pas à le récapituler pour les autres à la fin.
À vous les micros ~
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