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In this world, somewhere you are

Murakami Hayate
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Jeu 23 Mai 2024 - 17:57
♫ Pastoral scene

La nuit était tombée depuis longtemps, pourtant, les lumières s'affolaient et leurs rayons dansaient de toutes les couleurs sur le bitume. Les derniers sortis du bureau se regroupaient aux bars et restaurants à même les rues, leurs visages rieurs illuminés par les lampions et les bières tenues entre leurs mains. Si le froid ne semblait atteindre leurs discussions échauffées, il parvenait à mordre le haut des mollets de Hayate, là où ses chaussettes carmin s'arrêtaient. Elle se félicitait de porter un ample sweatshirt de même couleur aux bordures dorées. Sur le pectoral gauche était brodé le chiffre 83 et au dos quelques mots anglais hasardeux suivis de l’année 1950. Il recouvrait une robe droite et courte d’un bleu minuit aux rayures blanches verticales. Une tenue plus simple qu’à l’accoutumée pour la chanteuse, agréable à porter, dont il émanait malgré tout une certaine élégance ; sa porteuse aidant à valoriser tout type de vêtements. À l’image de son apparence épurée, ses longs cheveux étaient lâchés ; faussement naturels pour un œil amateur. La blonde avait pris un temps fou à les coiffer pour leur apporter du volume, les mèches de devant ondulant jusqu’à l’arrière du crâne pour dégager son minois. Le dégradé de ses pointes apportait une légèreté ; tout à l’inverse de l’expression sévère qu’arborait l’idol.

Elle releva légèrement sa manche gauche et porta la montre à son poignet devant ses yeux. Les heures avaient défilé à une vitesse folle, si bien qu’à ce rythme, la jeune femme n’avait plus que deux choix : abandonner, ou louper le dernier train. D’une moue renfrognée, elle décida de continuer à chercher un peu plus longtemps. Les baskets noires à ses pieds ces derniers commençaient à lui faire un mal fou. Et toujours pas de Michi en vue. Ce n’était que le deuxième jour. Que ? C’était déjà bien trop pour ses standards. Connaître le quartier du capitaine ne rendait pas plus facile de le trouver : il pouvait être partout, dans un endroit si vaste. Hayate jeta de nouveau un coup d'œil à sa montre. Elle n’avait toujours pas mangé et son ventre criait famine. Retenant un soupir avec un air agacé, elle se résigna et décréta aller au konbini le plus proche pour grignoter.

À cet instant précis, ses yeux s’écarquillèrent bien grand ; là, derrière la vitrine et ce malgré les reflets du panneau lumineux, se trouvait l’homme le plus insipide du monde. Elle sourit et hâta le pas. La sonnette retentit à son arrivée. Prudemment et discrètement, elle se posta derrière le Yakuza, observant le rayon devant lequel il se trouvait.

« T’achètes donc ce genre de… trucs ? » dit-elle d’un ton léger si bien qu’il était difficile de savoir si elle jugeait ou s’étonnait.

Rencontrant enfin son regard, elle le salua poliment par réflexe :

« Bonsoir. Toki… Toku… » Elle posa son index sur son menton avant que tout son visage ne s’éclaire face à lui. « Tokumei-san ! »

Elle croisa les bras et se posta là, aussi confiante que d’habitude.

« T’es pas facile à trouver, tu le sais ça ? Pourquoi tu as pas accepté mes demandes de rendez-vous ? On te les a bien communiquées, au moins ? »

N’étant que la petite chanteuse de bas étage, la probabilité pour que les Kyodai ne s’en soient même pas donné la peine était probable. S’en convainquant elle-même, elle ajouta avec assurance :

« Ouais, nan, c’est probablement ça. Tu aurais pas refusé de me voir, n’est-ce pas ? Tu décroches jamais le téléphone par toi-même, d'ailleurs ? J'ai pas que ça à faire. »

Souriant, elle se tut et attendit la réponse de son interlocuteur.
Tokumei Michi
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Dim 26 Mai 2024 - 20:35
Un simple carillon.

Passer les portes des épiceries de quartier, établissements qui avaient débuté de fourmiller au sein de la capitale depuis une décade, tout au plus, était un aboutissement en soi. Le son, devenu familier, avait pour effet une libération de dopamine égale à celle qu’aurait pu apporter un cigarette pour l’Anonyme. Du moins, c’est ce qu’il imaginait, selon les descriptions que l’on lui avait faites, mais il n’avait jamais essayé, trouvant son bonheur à lui dans le simple fait de pénétrer dans l’un de ces petits magasins.

oden, korokke, yakitori, karaage, nikujaga, nikuman, onigiri, nouilles instantanées, viennoiseries, salades, et même des bentō entiers avoisinant un nombre incalculables de journaux en tous genres, bandes dessinées, ustensiles et fournitures diverses et variées. Les boissons, de l’eau plate aux canettes de bières en passant par les sodas et bien évidemment, le lait, poursuivaient le ballet des rayons, parfaitement ordonnés, structurés en toute logique dans un cheminement qu’il prenait un malin plaisir à suivre à la lettre.

Il entrait, était accueilli, ne répondait pas, allait au fond, au coin le plus éloigné de l’accès à l’échoppe, puis démarrait son rite, quasi quotidien, presque religieux et auquel il ne dérogeait en aucun cas. Pas de place à la curiosité ou au risque ici, son plan ne pouvait nullement se trouver malmené, tout était prévu, organisé, optimisé. D’abord, une sapporo qu’il garderait au frais avant de la boire pour ouvrir son repas, un sachet de yamaguchi pour l’accompagner. Deux ou trois volumineux onigiri thon mayonnaise, une nouveauté qui s'arrachaient constituerait son repas.

Il n’avait pas besoin de se presser, le patron lui en gardait expressément pour lui, en guise d’arrangement.

Et pour terminer, des dangos qu’on lui réchauffait pendant son passage qu’il concluait uniquement et systématiquement par le journal du jour. Non pas qu’il le lise toujours, pas directement en tout cas, les accumulant pour ses rares journées de paix, rangés par date et par années, il les préservait méticuleusement durant un an et en retirait, parfois, les articles les plus intéressants afin de les compiler comme base de donnée.

Et puis il y avait cette folie. Pour chacun de ses passages, il s’autorisait un imprévu, un égarement volontaire, un supplément. La réflexion lui avait pris toute la journée et il avait bien dû changer d’avis cinq ou six fois durant celle-ci. Mais c’était décidé, il se piqua face au rayon désigné, tendant la main vers ce paquet de senbei désiré, concentré sur son objectif final, car après cela, il pourrait rentrer chez lui et profiter de ces achats.

Mais il se crispa lorsque retentit une voix familière, dans son dos. Il ne l’avait pas remarqué, ni ne l’avait vu arriver. Un frisson glacé lui caresse l’échine et le fit grogner de déplaisir.

Michi n’aboutit jamais à son acquisition terminale, se restaurant et baissant un regard polaire que ses iris réhaussaient sur la blonde qui venait de l'interrompre dans son rituel sacré.

Il ne répondit ni à sa question, ni à son salut.

Tout comme il ne se formalisa point face à cette familiarité avec laquelle elle s’adressait à lui.

Pour toute forme de procès, son sac de course pendu à son bras gauche, la main en bout écartant sa veste, la droite plongeant dans sa poche intérieure, il en sortit un objet qui ne pouvait être inconnu à la chanteuse et qu’il lui tendit.

Une carte de visite avec ses coordonnées personnelles inscrites en dessus, impeccable.

Il suffisait de l’utiliser.

Finit il par prononcer, laconique et morne.

Lâchant le petit carton aux pieds de la belle, le Tigre insipide s’en alla régler ses commissions, posant sur le comptoir la somme exacte du montant de ces dernières, puis il revint face à elle, les mains dans les poches, le cou légèrement en travers, la toisant, éteint, avant de lui demander d’une voix vide et grinçante :

Qu’est ce que tu veux ?


Dernière édition par Tokumei Michi le Ven 31 Mai 2024 - 9:34, édité 1 fois
Murakami Hayate
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Mer 29 Mai 2024 - 12:00
Elle s’y était attendu pourtant, Hayate était déçue de constater le mécontentement du capitaine de la voir. Malotru, il ne l’avait même pas saluée ; cela ne l’empêcha pas de le suivre tel un poussin, avec un sourire ne présageant rien de bon étant donné sa blessure à l’ego. Guillerette même, elle marchait derrière lui en sautillant d’un pied sur l’autre, ses bras entrouverts comme s’il s’agissait d’ailes.

« Mais je l’ai utilisée ! » se plaignit-elle en attrapant la carte désormais à ses pieds. « Je ne me suis quand même pas tro- » Elle s’interrompit du même temps que son visage se figea. Il avait toujours été là, ce 7 ? « H-Haaa… » fut le seul son capable de sortir de sa gorge.

La blonde se hâta de ranger le morceau de carton dans l’une des amples poches de son sweatshirt en se remettant debout.

« L-L’essentiel, c’est que j’ai fini par te débusquer ! Je voulais te parler en face à face, de toute façon. » Elle fit la moue. « J’ai fait beaucoup d’efforts pour te trouver, tu sais ? Tu pourrais me féliciter, ça n’a pas été facile. Comme une aiguille dans une botte de foin. »

L’insipide se tourna enfin vers elle, lui accordant un regard ; pas le meilleur d’entre eux. Hayate n’en menait pas large face à la posture menaçante qu’il arborait. Prenant une inspiration, elle se souhaita bien du courage et se jeta à l’eau :

« Droit au but, hein ? D’accord. Eh bien, mh, puisque tu dois être au courant de toutes les affaires de ton… » elle jeta un oeil au caissier avant de reporter son attention sur le blond, « …travail, j’imagine que tu sais de quoi j’ai été victime récemment ? »

La jeune femme faisait référence au business de deux protégés de la Famille vendant des culottes soit-disant usagées de différentes petites célébrités du syndicat*. Il s’était révélé que ces délinquants s’étaient introduits sur son balcon et avaient pris des photos de ses sous-vêtements ainsi que de son appartement. Ce qui lui mettait bien plus froid dans le dos que l’attitude glaciale de Michi, expliquant probablement au passage son courage à rester ainsi devant lui, le sourire aux lèvres. Elle était aussi Hayacchan, après tout. Elle se sentait capable de lui parler sans bégayer ; oui, elle le pouvait !

« Vu ton profil, l’argent et le statut qui va avec, je suis certaine que tu as un appartement suffisamment grand pour deux, sécurisé qui plus est. » Elle se hâta de poursuivre afin d’exposer ses arguments avant que le Yakuza ne l’arrête. « Et puis, tu n’as pas l’air d’avoir de mauvaises attentions à mon égard, sur le plan disons, lubrique. Et tu es fort. Tu sais protéger ; et tu protèges ! Tu protèges très bien, au quotidien, hein ? »

Elle essayait presque de se convaincre elle-même.

« On ne m’a pas encore trouvé un nouvel appartement, et j’ai déjà séjourné chez tous mes amis, qui n’étaient pas nombreux, pour ainsi dire proche de zéro, alors je n’ai plus que toi. Dooonc… »

Elle joignit ses mains aplaties l’une contre l’autre, face à elle, et ferma un œil, toujours tout sourire. Débordante d’assurance avant de jeter une bombe :

« Est-ce que tu me laisserais rester chez toi le temps que tes frères me trouvent un logement décent ? »

Lee caissier sembla soudain tourner une oreille attentive envers eux, cachant mal son air tentant de faire mine de rien.



* Cf ce sujet avec Ao
Tokumei Michi
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Ven 31 Mai 2024 - 9:36
Contrariante.

C’était qui, déj… Hayate. Murakami Hayate. Le nom de cette souris horripilante qui bavassait face à lui sans sembler terminer le flot ininterrompu de parole qu’elle déversait remettait quelque peu les choses dans leur contexte. Idol, nulle pour l’Enka, prétextant que la discipline était vieillotte, la belle jambe que ça lui faisait, à lui. Porteuse d’un projet - un PUTAIN de sacré long projet - qui devrait faire d’elle une source de revenu notable pour le clan, malgré les investissements dont elle avait déjà eut les égards.

Toujours plus…

Elle était en sursis, c’était tout. Entouré majoritairement de dames qu’il considérait comme des mères et des sœurs, il savait avoir cultivé pour la gent féminine un semblant de douceur… Non, c’était une excuse bidon, il avait tout autant de pères et de frères au bordel qui l’avait vu naître. Aucune bonne raison ne justifiait véritablement la tolérance qu’il avait pour cette petite blonde effrontée.

Et pourtant…

Soupirant longuement, claquant la langue à plusieurs reprises tandis qu’elle lui signalait les petits tracas de sa petite vie de petite fille gâtée. C’était petit. Petit petit petit petit. On lui avait en effet transmis les détails de cette affaire. Ce que vivaient les garçons et filles de joies du quartier qui l’avait vu grandir n’était en rien comparable avec cette situation qu’elle avait vécu. Un vol et recèle de petites culottes.

La pression qu’exerçaient ses dents sur sa mâchoire était vive, tandis qu’il l’avisait avec un dédain masqué par ses verres fumés. Un nouveau soupir cependant passa sur ses traits, laissant à son insipidité et son inexpression notoire un léger voile d’indulgence. La façon de gérer un traumatisme était propre à chacun, les horizons d’une infinité d’êtres vivants ne pouvaient guère être identiques et surtout, avant toute chose, personne ne pouvait être mis sur un pied d’égalité, dans la peine comme dans les joies.

Ce qu’elle disait se tenait. Et ce n’était pas une excuse cette fois. On devait déjà tâcher de lui trouver un toit, quelque peu plus sécurisant pour elle, pas au premier étage, pas engoncé dans des rues serrées. Où un shatei ou deux pourraient garder un œil dessus, aussi. Le mieux aurait été avec d’autres vedettes en devenir, faire d’une pierre, un nombre de coups exponentiel. Mais une telle localisation n’avait pas été trouvée.

Il grommela, puis fit volte-face pour se diriger vers la sortie du konbini, sachant qu’elle serait sur ses pas, étant donné le mal qu’elle paraissait s’être donné pour le trouver, elle n’allait pas le laisser filer comme ça. Son appartement à lui, c’était son havre de paix. Un lieu personnel, silencieux, apaisant. L’idée même de le partager avec quelqu’un… Non, avec elle tout particulièrement… le révulsait.

Mais c’était une bonne idée ou du moins, une idée simple et efficace pour parvenir à un minimum de sérénité pour elle, pour qu’elle file droit et qu’elle finisse par rapporter enfin ce qu’on attendait d’elle. Un nouvel investissement, en gros. Elle allait devoir rendre tout ça au centuple et il serait le premier à y veiller… Tout en mettant les bouchées doubles pour qu’elle dégage au plus vite de chez lui, aussi.

Ok.

Lâcha-t-il dans un râle tandis qu’il marchait déjà sur le trottoir en direction de son logement. C’était une habitation largement capable d’accueillir un ou plusieurs invités, vrai, mais il se demandait cependant ce qu’elle attendait comme “sécurité”. Pour ce qui était des intentions que l’Anonyme aurait pu avoir pour la blonde, heureusement qu’elle eut précisé le plan de la lubricité… Car des desseins, majoritairement violents, il en avait pour elle, même s’il ne comptait pas les mettre en œuvre… Pour le moment du moins.

Sans autre forme de procès, il la traîna dans les rues menant jusqu’à son domicile. Le long de celles-ci, professionnels et spécialistes des plaisirs de la chair vantaient sobrement leurs savoir-faire. Mais pas à lui, non. Peu en Tokyo le reconnaissaient en le voyant. Mais pas ici, non. Les hommes et femmes du quartier le saluaient sobrement ou s’écartaient simplement de son chemin, sans jamais lui faire la moindre avance ou promesse de bien-être que l’on aurait pu attendre de leur part.

Lui, son sac de supérette au coude et les mains dans les poches de son costume impeccable, poursuivait son chemin, les épaules hautes, comme si à mesure qu’ils progressaient, un poids immense se retirait doucement de celles-ci. Ils terminèrent par arriver au pied d’un bâtiment datant de la renaissance d’après guerre avec ses architectures d’inspiration purement occidentale, d’un froid et d’un stoïcisme qui n’avait d’égal que Michi en personne.

Passé une vaste porte gardée par un concierge vraisemblablement aphone, il appela un ascenseur, un schindler series-M à double battants, une Rolls des années 60, qui s’ouvrit face à eux dans un grincement si léger qu’on aurait pu le prendre pour un simple chuintement. Dans la cage, le Tigre insipide n’appuya sur nul bouton. Au lieu de cela, il passa une clé d’un petit trousseau qu’il avait sorti de sa poche intérieure - pas celle de ses cartes de visites, une autre - et l’enfonça dans la serrure qui se trouvait au bas des différents étages proposés.

La machine se mit en route, montant sans prévenir, d’abord brusquement puis se stabilisant dans sa vitesse d'ascension. Le wakagashira faisait front direct aux battants de l’ascenseur et son reflet se dessinait, terne, sur la surface d’acier de ceux-ci. Le voyage dura une éternité, deux longues minutes d’un silence dont la respiration du yakuza ne parvenait même pas à le trancher.

Les portes s’ouvrirent alors sur un petit patio, un meuble de desserte à la surface vide et aux nombreux tiroirs. Il posa méthodiquement ses clés dans l’un deux, ses cartes de visites dans un autre et depuis l’un de ceux du bas, il en sortit deux paires de chaussures d'intérieur, semblable à des sandales. Chaussant l’une d’elle, il posa droit face à Hayate l’autre (trop grande), puis il avança et ouvrit un placard où un nombre impressionnant de vestes identiques à celle qu’il portait étaient alignées et dressa celle qu’il portait sur un cintre.

Sans attendre son invitée plus ou moins imposée, il ouvrit le vantail qui séparait le patio du cœur du logis, dévoilant un penthouse énorme dont on ne devinait que le salon ou pièce à vivre, à lui seul d’une cinquantaine de mètres carrés bordé d’une vaste baie vitrée dont le vis à vis en contrebas était un bâtiment décrépit aux pierres rouges et myriades de fenêtres donnant sur des chambres colorées et de toute évidence un bobinard moyen.

Un étage entier, le sommet de la tour était la propriété exclusive du blond taciturne et ce, en plein Tokyo. Mais si la superficie pouvait donner le vertige, ce n’était pas le cas de l’ameublement ou de la décoration, si le mot pouvait être utilisé pour ce qui n’existait littéralement pas. En effet, il n’y avait absolument rien de surnuméraire ou qui ne soit pas un minimum utile à un endroit donné.

La cuisine à l’américaine qui faisait l’angle du vaste living room était tout juste fonctionnelle pour une personne et le four à micro-ondes qui trônait droit sur l'îlot central de plans de travail, seul et tellement en évidence que cela en disait long sur le régime alimentaire du yakuza. Du reste, un canapé face à une table basse, une télévision cathodique montée sur un meuble austère dans lequel était rangé droit un lecteur VHS, enfin un tourne disque et une paire d’enceintes finissaient de remplir tant bien que mal l’immense salon.

Le tout était illuminé par un réseau de lampadaires dont un interrupteur centralisait l’activation des lampes de chaque pièce indépendamment les unes des autres.

Tu dormiras dans la chambre, au fond du couloir à droite. Elle a sa propre salle de bain.

Indiqua t-il en levant le menton en direction approximative d’un passage ouvert à l’angle de la cuisine. Sa voix se réverbéra sur le vaste vide des lieux et son timbre terne se répercuta en écho puissant sans que le fait ne sembla le gêner. Puis, sans demander son reste, il alla déballer et ranger son sac de courses, aligna sur un plateau ce qui l'intéressait pour une consommation immédiate et alla s’installer devant la télé en allumant le lecteur VHS au passage pour lancer un programme qu’il avait probablement enregistré.

Le son de la flûte ouvrant un épisode de Oshin anima bientôt la pièce en de nombreuses réflexions sonores, du fait du manque de meubles. Michi n’apparaissait même plus faire attention à la présence de Hayate, ne s’occupant plus que de son frugal repas et de sa série.
Murakami Hayate
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Jeu 6 Juin 2024 - 10:11
Elle sortait son meilleur jeu. Après tout, elle n’était pas Hayacchan par hasard ; son regard était faussement espiègle et même si on pouvait y détecter une pointe de malice, son sourire solaire la rendait adorable. Légèrement penchée en avant, mains dans les poches, ses grands yeux ronds fixaient Michi. Regarde, je suis vulnérable ; les mecs aiment ça, non ? La blonde avait échafaudé tout un tas d’arguments. Si ses lèvres étaient enfin closes, une ribambelle de mots se chargeaient dans sa gorge, telle une arme prête à tirer à la moindre réplique entendue. Ce feu dans ses entrailles, cette rage de gagner dans le fond de ses iris bleus, oui, toute cette préparation pour… « Ok » ?!

Si cela était encore possible, ses yeux s’agrandirent davantage. Sa mâchoire tomba presque littéralement. Pour la première fois de sa vie, aucun son ne parvint s’échapper de la jeune femme. Figée sur place, bouche bée, Hayate n’avait rien à répondre. La surprise avait un nouveau visage : le sien.
Ainsi abasourdie, elle ne pipa mot tout du long du trajet. Avec sa chevelure dorée, ses vêtements amples et sa petite taille comparée à l’homme qu’elle suivait de quelques pas derrière lui, on pouvait véritablement comparer la chanteuse à un poussin. Elle observait d’un air stupéfait les inconnus saluer le Yakuza comme s’il était un VIP. Elle en vint à faire légèrement la moue : pourquoi personne ne faisait la même chose, avec sa personne ? L’idole n’était pas au bout de ses surprises au vu des standings bien au-delà de ce qu’elle avait pu imaginer du bâtiment dans lequel résidait son nouvel hôte. Un sifflement admiratif lui échappa devant l'ascenseur. Le démarrage brusque de ce dernier fit chavirer Hayate qui lâcha un cri de surprise en s’accrochant par réflexe au bras de Michi. Craignant son regard glacial, elle se ravisa aussitôt. Elle avait soudainement chaud et le temps lui paraissait diablement long. Lorsque les portes s’ouvrirent enfin, l’enka-shi dû prendre sur elle pour ne pas se précipiter à l’extérieur. Ce ne fut qu’une fois dans le patio qu’elle réalisa que l'ascenseur amenait directement dans l’appartement.

Sérieux ?!

Michi était un homme plein de surprises, songea-t-elle en se déchaussant. Elle rangea très soigneusement ses chaussures et enfila les sandales que le Yakuza avait laissées pour elle. Bon, tout ne pouvait pas être parfait. Elle y glissa ses pieds en grimaçant puis s’engouffra dans le logement, avec un effort qui l’agaçait déjà pour ne pas faire trop de bruit en raison des semelles immenses. Comme le lieu qui ne cessait d’impressionner la chanteuse dont l’expression de stupéfaction ne semblait plus pouvoir la quitter. Elle tenta de s’en défaire néanmoins, arborait un air sérieux et à l’écoute alors que Michi lui adressait la parole. Elle n’en était pas moins éberluée au point d’en crier intérieurement. Sa propre salle de bain ? Ha ! Elle avait enfin ce qu’une personne de son prestige méritait ! Sans demander son reste la jeune femme déguerpit jusqu’à l’endroit indiqué. Elle y posa son sac qui contenait quelques-unes de ses affaires pour tenir deux jours tout au plus. Pour sûr, elle allait ramener une valise le lendemain. La chambre entière faisait la taille de son appartement actuel.

Sérieusement ?

Souhaitant vérifier l’acoustique, Hayate chantonna un peu pour vérifier que ça ne résonne pas trop. Comme tout était décidément parfait, il n’y avait aucun problème. Déterminée à faire de son mieux, elle retira son sweatshirt pour ne garder que sa robe droite et débuta de s’entraîner à chanter pendant une bonne heure.

Lorsque l’idole revint dans le salon, qui lui avait paru être le bout du monde, les notes du générique de fin de Oshin parvinrent à ses oreilles. Son visage s’illumina et la blonde se précipita sur le canapé en s’appuyant dessus, juste à côté de Michi.

« J’adore cette série ! » s’exclama-t-elle avec enthousiasme. « Oshin est un vrai modèle, tu ne trouves pas ? J’aime beaucoup quand elle travaille à Kagaya, avec Kato qui fait croire que c’est sa petite amie et… » elle s’interrompit. « Attends, tu viens de t’enfiler combien d’épisodes d’affilée, là ? »

Un épisode de Oshin durant quinze minute, cela devait bien faire trois ou quatre d’entre eux le temps qu’elle s’entraîne. Elle ricana en toisant l’homme d’un regard critique, jusqu’à ce que ses yeux perçoivent les encas. Son expression changea du tout au tout. Hayate fit le tour du canapé pour se rapprocher du Yakuza, et déclara :

« Je sais faire à manger, tu sais. » Elle croisa les bras et leva le menton pour fixer le plafond, comme si elle boudait sans raison apparente. « Contrairement à ce que tu dois croire, je ne suis pas du genre à profiter. Si on m’offre de l’aide, j’en donne en retour. Tu as juste à me dire ce que je ne dois pas faire, car je vais participer aux corvées de moi-même. »

C’était qu’on lui en offrait assez peu, en général. Toutefois, si on y réfléchissait, sa situation d’idole était le résultat logique de ce « remerciement » qu’elle devait au capitaine de Kyoto ; car il était évident qu’elle ne subissait pas tant la situation qu’elle aimait le faire croire. Elle adorait ce qu’elle faisait et voulait réellement réussir.

« Dis-moi ce que tu aimes manger. Sans vouloir me vanter, elle voulait se vanter, je cuisine très bien. J’ai été éduquée pour être la parfaite épouse, après tout. »

De ces cours et leçons ne restaient définitivement que les compétences vu son caractère difficile.
Tokumei Michi
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Jeu 6 Juin 2024 - 14:35
Ah, oui, elle était là.

Aussitôt l’Anonyme avait démarré son visionnage de sa série et la dégustation de son butin du soir que son esprit s’était emmuré dans cette sensation de confort, récompense légitime d’une journée de travail rondement menée à son terme. La suite du programme devait couler de source, il finirait naturellement par s’assoupir, sa VHS irait jusqu’au bout de sa bande, rembobinerait automatiquement et repartirait depuis le début en un éternel recommencement jusqu’à son réveil. De là, il débuterait un nouveau jour, accomplirait ses tâches quotidiennes, irait jusqu’à leur fin puis rentrerait chez lui après être passé par le konbini pour rassembler sa sélection du jour, organisée et millimétrée avec cette touche finale qui en faisait le sel, l’aventure.

Où étaient ses senbei, d’ailleurs ?

Il ne les avait pas pris. Elle l’avait interrompu dans ce geste rituel, le piment de son existence. Et dorénavant, privé de cette épice, il devait se coltiner ses commentaires. Concentré sur l’épisode en cours, peu d’attention était encore libre d’errer à la compréhension des mots de l’enka-shi dont la responsabilité de la présence ne revenait qu’à lui seul. Sa réponse avait été logique, simple et pragmatique.

C’était logique de l’accueillir chez lui en attendant que la famille lui trouve un logement.
C’était simple, nul besoin d’accord tierce, d’attente, c’était immédiat.
C’était pragmatique, personne n’oserait venir la chercher ici, pour quoi que ce soit.

Mais si les Dieux existaient, alors ils pouvaient être témoins de l’exaspération dans laquelle cela le mettait. Et eux seuls le devineraient d’ailleurs, tant il ne laissait nulle expression transparaître sur ses traits, fixant la dalle de son écran de télévision tandis qu’elle poursuivait de s’adresser à lui sans interruption.

Une de ses brochettes à moitié dans le bec, il daigna néanmoins lever ses iris d’un azur terne vers elle alors qu’elle avançait sa connaissance en matière de préparation culinaire. L’avisant, mais n’écoutant ce qu’elle avait à dire qu’à moitié, Michi la trouvait véritablement culottée et particulièrement présomptueuse. En soit, il n’avait aucun problème avec les gens de manière générale…

Tant qu’ils n’étaient pas chez lui.
Qu’ils se taisaient, aussi.
Et qu’ils ne s’immiscent pas dans sa vie.

Maudissant son esprit cartésien, le Tigre insipide butta sur les paroles de la chanteuse :

“Tu as juste à me dire ce que je ne dois pas faire…”

Il n’avait pas entendu le reste, inintéressant, mais ça… Son esprit se mit en branle pendant qu’elle avançait ses qualités d’épouse idéale. Ce qu’elle ne devait pas faire… Chez lui ? C’était si vaste, si infini qu’il manqua de s’y perdre. Que ne devait elle pas faire ? La réponse s’imposa d'elle-même, plus naturellement encore que le craquement d’un os brisé par un coup de talon bien placé.

Sa voix grinça presque aussitôt le flux intarissable des mots de Hayate finit par se tarir.

Il serait plus court de te dire ce que tu peux faire.

Piochant dans sa barquette et attrapant l’ultime brochette de celle-ci, sa concentration se focalisa derechef sur son programme télévisé - c’était le cinquième épisode qu’il démarrait. La dernière fraction de considération qu’il avait pour elle lui permit de continuer d’un ton morne :

Tu peux respirer. Te taire. Dormir. Manger comme il te conviendra de le faire. Prendre soin de toi sans jamais déborder des limites de cette chambre que tu peux occuper jusqu’à ce qu’on te trouve un autre coin que ma piaule.

Et c’était tout, en vérité. Aucune nécessité de lui répondre par rapport à ses prétentions de cuisine ou de l’aide qu’elle voulait lui rendre en retour du la sienne. C’était ne pas comprendre que le tout représentait un investissement, rien de plus. Michi se moquait éperdument de sa reconnaissance : il avait été clair, simple et concis.

Comme toute chose devrait l’être.
Murakami Hayate
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Ven 7 Juin 2024 - 18:36
Hayate se figea sur place. Malgré ses yeux vides, un sourire crispé parvint à se dessiner sur son visage agacé. Ne pas s’énerver. Ne pas s’énerver. Mais qu’est-ce qu’il l’énervait ! Elle serra les poings. Encore heureux, qu’elle pouvait respirer ! Vexée d’être ainsi rejetée en dépit de sa bonne volonté, elle gonfla les joues de mécontentement et penchée en avant, comme si cet unique mot avait parcouru l’ensemble de son corps pour se précipiter jusqu’à ses lèvres, elle cria :

« Abruti ! »

Aussitôt, elle pivota sur ses talons. D’un pas contrarié elle retourna à sa chambre sans demander son reste. Elle ne mangea pas ce soir-là et préféra s’entraîner à chanter.


***


Vivre dans cet appartement était comme marcher sur de la glace ; et personne la brisait. Oppressant comme une sombre grotte malgré son énorme superficie, l’appartement n’était toujours pas débarrassé de sa nouvelle parasite. Force était de constater, néanmoins, que la chanteuse avait une très bonne hygiène de vie et qu’elle donnait énormément du sien pour tenter de réussir. Elle se levait extraordinairement tôt le matin pour aller courir et faire de l’exercice dans le parc juste à côté, si bien que les voisins commençaient à s’habituer à l’apercevoir aux premiers rayons du soleil. Elle revenait toujours avec des courses, préparait le petit déjeuner, mangeait, et partait travailler assidûment. Elle n’avait pas menti : sa cuisine était bonne. Sans être du niveau d’un restaurant, ses mets avaient le goût des plats familiaux, comme assaisonnés de nostalgie. Ils apportaient un peu de chaleur dans le blizzard social que traversait chaque jour Hayate. Elle ne manquait jamais de dresser la table afin de laisser une part préparée exprès pour Michi ; qu’il la mange ou non. S’il y avait des restes, elle s’en faisait un bento et partait avec le lendemain matin. Il fallait dire qu’il y avait de quoi faire : riz bien sûr mais aussi omelette roulée, saucisses ou poisson grillé selon les journées, salade d’algues, prune séchée, soupe miso avec les légumes du jour. Quand se terminait sa journée éreintante passée à s’entraîner à danser et chanter, et lorsqu’elle ne rentrait pas avec le dernier train, l’idole faisait quelques emplettes pour le dîner. Là encore, les voisins ainsi que les marchands du coin s’étaient habitués à la voir passer avec son sac de courses, si bien qu’elle daignait les saluer, par réflexe puis par habitude. Une fois rentrée, elle s’installait dans le salon pour travailler sur ses chansons. Après un repas souvent frugal, elle récupérait les restes de riz et en faisait des boulettes de riz qu’elle enveloppait de film sur une assiette, bien mise en évidence pour son hôte. Après quoi, elle continuait à s’entraîner dans sa chambre et n’en sortait plus avant le lendemain matin.

Cette routine bien huilée ne pouvait malheureusement pas empêcher le stress de monter. En effet, si la blonde s’entraînait si dur c’était d’une part pour réussir, bien évidemment, pour prouver sa valeur à Michi, très probablement, mais également en raison d’un énorme événement qui pouvait changer sa vie. Pour la première fois dans sa carrière, Hayacchan allait apparaître sur une chaîne nationale dans une compétition connue de tout le pays : la Yamaha Popular Song, communément surnommée Popcon, où s’affrontaient une vingtaine d’artistes tout au plus. Les auditions régionales ne lui avaient pas fait peur, sa confiance en elle débordant comme d’habitude, néanmoins, sa vision artistique prenait un nouveau tournant et sa vie personnelle était chamboulée depuis l’incident des intrus à son appartement. Cela faisait énormément à gérer ; et à force d’ignorer son anxiété sous le coup d’excuses égocentriques dont elle avait le secret, la jeune femme allait en payer le prix.

Les lumières étaient éteintes. Son coeur battait fort depuis un moment. Hayate accusa les canettes de café froid sur la table basse et décida de faire une pause ; elle se redressa, remarqua que l’heure avait filé à une vitesse telle qu’elle allait finir par croiser le wakagashira à cet horaire. Cette pensée la paralysa et tout à coup, ses jambes devinrent lourdes. Ses épaules s’affaissèrent, ses inspirations accélèrent. Elle porta sa main tremblante jusqu’à son cœur, ou ses poumons, elle ne savait pas trop alors qu’elle fléchit les genoux. Les larmes montèrent jusqu’à déborder de ses yeux et elle tomba assise, sa respiration plus saccadée que jamais, la peur montante, omniprésente, violente.

Un bruit.
Elle souleva son regard.
En plein plongé dans celui de Michi.

Les rayons de la pleine lune, au travers de la baie vitrée, ne seraient pas les seuls témoins de cet instant de faiblesse. Incapable de bouger, plus effrayée encore, Hayate put rien faire à part ouvrir la bouche pour tenter de récupérer son souffle coupé, devenu presque absent.
Tokumei Michi
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Lun 10 Juin 2024 - 17:40
Ça avait été son appréhension.

Son monde, celui auquel il avait aspiré toute sa vie, ce confort simple dans lequel il se complaisait volontiers, sa routine. Michi s’était démené depuis son plus jeune âge pour atteindre ce que le commun des mortels aurait désigné de lambda, à l’exception de l'aberrante surface de cet appartement grotesque, mais c’était là un don de la famille et sa loyauté l’avait poussé à l’accepter.

Mis à part ce détail, tout était idéalement à sa mesure : fonctionnel, concret et sommaire. Et cela lui plaisait ainsi, n’ayant nul souhait d’obtenir plus, accumulant plus ou moins consciemment des revenus dont il était bien incapable de venir à bout, reconnaissant et généreux étant le clan à son égard. Ce dernier point, il ne le comptait pas, au sens littéral comme au figuré, car tout le reste lui convenait à merveille : une machine précisément huilée.

Puis un grain de sable.

Blond, irritant, bruyant et envahissant malgré sa présence physique menu.

Dès les premiers jours, il avait mis les bouchées doubles afin de motiver ses petits adelphes à dénicher un foutu logement, un local, un garage même, dans la seule optique de revenir à sa rengaine dont il avait accepté bien malgré lui que le rythme change. Plus facile à dire qu’à faire en vérité. Tout ce qui lui était proposé, rapidement pourtant, ne convenait pas. Ses subalternes ne comprenaient tout bêtement pas le principe d’investissement.

Ou bien était ce lui, le problème ?

Car son quotidien avait évolué, quand bien même eut-il été réticent de prime abord. Les instants initiaux de leur cohabitation l'avaient vu ignorer purement et simplement cette cuisine qu’elle faisait, dressant le couvert pour lui, il n’avait même pas daigné jeter un œil à ce nouvel élément dans ses journées parfaitement structurées.

Et alors, une fois, eut-il oublié, dans son agacement du fait de cette présence surnuméraire au sein de son environnement, son petit bonus, sa folie du jour, au konbini. Non rassasié et las de son labeur du moment, il avait dérapé, happé par une curiosité neuve, inconnue et inconfortable, prêtant enfin attention au plat disposé sur la table de son salon. Pire encore, l’Anonyme s’était laissé aller à le goûter et au comble de la sottise, probablement celle de cette pimbêche, contagieuse donc, il l’eut apprécié.

S’immiscent dans son rituel, il substitua peu à peu sa surprise de la supérette par celle qu’il trouverait en rentrant et qui lui était adressée. C’était facile, c’était paresseux et c’était… Pas dégueu. Mais au fur et à mesure, son auto flagellation de se laisser ainsi aller à cette commodité disparaissait, le grain de sable ne faisait plus grincer les rouages, il s’était tout simplement intégré à ces derniers, digéré dans ce que son esprit considérait dorénavant comme sa normalité.

Aucun studio proposé ne le satisferait plus.

Nulle folie du konbini ne pourrait plaire à son goût.

L’infini silence qui avait demeuré des années avant qu’elle n’intervienne dans sa vie deviendrait assourdissant. C’était déjà le cas, d’ailleurs. Le Tigre avait investi dans un walkman, le top du top et s’était mis à écouter divers tubes populaires, chantés par des voix qui ne s’éloignaient pas trop de celle de Hayate, pour les moments où elle n’était pas là et ou ne s’exerçait guère, pour ne pas devenir fou.

Son appréhension avait muté en une nouvelle, inédite et identique à la fois : Il haïssait l’idée qu’on puisse lui retirer ce qu’il avait acquis.

Ces pensées ne le hantaient plus cependant, il ne savait plus depuis combien de temps il avait accepté tout cela, le principal à ses yeux étant de toute façon que c’était ainsi que sa vie se déroulait désormais. Serein, son sac de supérette plus léger qu’auparavant, il cherchait à deviner l’impossible, à savoir ce qui serait prêt sur la table lorsqu’il retrouverait son domicile.

Les portes du Schindler s’ouvrirent sur son penthouse, lumières éteintes, tout était silencieux comme cela était le cas à cette heure. Il ne devrait pas croiser son invitée, ou peu, dans la périphérie de son champ de vision tout au plus. Peut-être qu’elle lui parlerait, il n’y ferait pas attention de toute façon.

Il avait envie de yakitori, mais il se contenterait avec plaisir de ce qu’il trouverait.

Moins de ce qu’il ne pensait pas trouver néanmoins : La blonde s’était affalée face à son canapé. Sa table basse recouverte de canettes de café. Ses poings se serrèrent en un mélange de colère et de frustration tandis qu’il se dirigea en droite ligne vers le fauteuil, plongeant ses mains dans ses poches de pantalon afin de masquer son irritation, il se plaça au niveau du dossier puis brisa sa stature élancée en deux, presque perpendiculairement.

Son visage ne se trouvait plus qu’à un centimètre à peine de celui de la jeune femme, ses yeux azur rivés dans ceux célestes de l’Enka-shi. Prêt à lui cracher un venin qui avait fermenté instantanément en lui à la face, il se figea sur place, totalement coi.

L’expression de la blonde lui était familière et étrangère en même temps. Semblant à celle que pouvait avoir le sujet de l’une de ses corrections, car son simple nom ou son sobriquet ne suffisait jamais à provoquer la peur, ses bastonnades, elles, touchaient systématiquement : au propre comme au figuré, à nouveau.

Mais il n’avait en aucun cas levé la main sur elle. Un terreur anticipé comme cela, ou du moins ce qu’il prit pour de l’effroi, était une première à ses sens. Et c’était particulièrement laid sur elle. Enfin, laid, ce n’était pas à sa place. Et il ne voulait pas le tolérer.

Parce qu’il s’était habitué.

Parce que c'était sa routine.

Et c’était précurseur à son arrivée : cet affolement ne lui était pas dédié, enfin, ce n’était en tout cas pas sa présence actuelle qui en était la cause. Libérant sa main gauche de sa poche, il vint tapoter le plus délicatement qu’il savait faire, de la pointe de ses doigts, la joue droite de Hayate, tout en l'interpellant de son ton grinçant :

Ooooy.

Puis sans demander son avis à personne, il l’attrapa en dessous des aisselles et la souleva comme si elle ne pesait rien pour la faire asseoir sur son divan. S’accroupissant face à elle afin d’être à sa hauteur, il inclina la tête sur le côté, curieux et circonspect simultanément : elle n’avait de toute évidence rien sur le plan physique, elle n’avait pas été agressée et il doutait que le fait puisse être possible au vu des circonstances.

Plongeant dans son sac de course, il en sortit une canette de thé glacé. Si c’était le genre de chose qui l’apaisait, pour le peu qu’il puisse être tendu, ça devrait bien fonctionner sur autrui. L’ouvrant sans accrocs, des deux doigts de la même main qui la tenait, il tendit la boisson à la chanteuse paniquée.

J’habite ici, tu sais ?

Se contenta t-il de demander sans vraiment attendre de réponse en retour, morne et désincarné, comme si tout lui était égal. La question suivante, par contre, attendait son explication :

Pourquoi tu flippes ?

C’était tout ce qu’il avait trouvé. Mais c’était parfait à ses sens, car il ne pouvait exister que trois types de réponses à cette interrogation. La première, il allait falloir qu’elle s’y fasse. La deuxième, il pourrait y remédier. La dernière, c’était l’opposé et cette possibilité l’agaça au plus haut point.

Merde, même quand elle était paniquée, elle l’irritait.
Murakami Hayate
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Jeu 13 Juin 2024 - 10:04
Si ne ce n’était échouer, il n’y avait rien de pire que de se retrouver vulnérable pour la diva aux deux visages. Cette frustration n’arrangeait rien de son état, son souffle toujours plus court, la panique toujours plus grande. Elle souffrait et avait peur ; aussi, lorsque Michi l’approcha avec nonchalance, touchant sa joue comme un malotru, Hayate s’énerva. Dans cette situation néanmoins, seuls ses sourcils pouvaient témoigner de sa colère, froncés, tandis que ses lèvres continuaient de s’ouvrir et se fermer dans l’espoir de garder un peu d’air dans ses poumons. Elle baissa les yeux sur ses chaussons, embarrassée. Ce manque de vigilance créa une stupéfaction supplémentaire lorsque le Yakuza décida de la saisir par les aisselles ; décidément, cette brute n’avait aucune notion des distances d’intimité ! Mais cela ne la dérangeait pas, pas avec lui. Malgré tout, elle aurait aimé s’en énerver, pour le principe. Elle foudroya son hôte du regard, mais ne put guère faire plus.

Son effarement déclencha un hoquet de surprise suite à quoi, la chanteuse eut la sensation de mieux respirer. Elle reprenait petit à petit le contrôle de son corps, finalement confortable avec cet homme rustre.

« Je sais… » répondit-elle laconiquement en attrapant la canette. Puis, à la question suivante, l’idole tenta de sauver les meubles, hautaine et s’offusquant : « Je flippe !… Pas !… »

Son souffle n’était pas encore totalement récupéré, hachant ses mots contre son gré.

« Je veux juste pas… foirer… »

Elle inclina la tête, fuyant le regard de son interlocuteur. Son ton avait quelque chose d’apologétique, comme si la blonde voulait dire « pardon » sans le prononcer, à chaque mot qui sortait de sa bouche.

« Ni ma carrière… Ni tes attentes… »

Elle la courba plus encore, cherchant à dissimuler le rouge sur ses joues.

« Ne me… mets pas dehors… Je veux pas… partir d’ici… »

Se ravissant aussitôt, elle se redressa en cachant son visage.

« ’Sois pas présomptueux ! Je… Ce n’est pas… Tu n’es pas… »

Elle ne trouvait pas plus les mots que ses expirations. Hayate avait mis beaucoup d’efforts pour ne pas être dans les pattes de Michi. Cherchant à disparaître avant qu’il ne puisse la voir, faisant de son mieux pour se rendre utile. Les larmes, qui s’étaient arrêtées de couler, reprirent de plus belle.

« J’aimerais… » Elle hésita, d’un coup d'œil sur le côté, avant de couvrir ses yeux de son bras libre. « J’aimerais te rendre heureux… » Elle hoqueta. « Je fais de mon mieux pour pas te gêner… mais je veux passer… du temps… avec toi… »
Tokumei Michi
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Jeu 4 Juil 2024 - 15:01
Elle cahotait.

Accroupi, immobile et impassible, l’insipide avisait en silence son hôte désarçonnée parvenant difficilement à former des phrases complètes. Elle tentait de communiquer, de lui répondre, saccadée, ses propos hachés, parvenant difficilement à lui sembler compréhensible. C’était assez simple, pourtant, de deviner ce qu’elle tâchait difficilement de transmettre.

Il soupira.

En face de ce petit diesel qui crachotait, n’arrivant vraisemblablement pas à démarrer complètement, sur le point de caler, même, l’Anonyme n’avait pas vraiment à chercher quoi lui répondre, ni ne pensait consciemment à l’aider dans cette situation. D’autant plus lorsque passées les inquiétudes qu’elle apparaissait avoir en rapport au succès de son entreprise, elle conclut par un fait incongru, saugrenu même… Et parfaitement inutile.

Le rendre heureux.

Ça n’avait aucun rapport avec le rôle qu’elle devait jouer ni la mission qu’elle n’avait aucun autre choix que celui de l’accomplir. Son aise à lui ne rentrait en aucun cas en considération, c’était sans le moindre rapport avec le devoir qu’elle avait vis-à-vis de la famille. D’autant plus que s'il ne saisissait pas une chose, c’était bien le lien qui pouvait exister entre l’évidente peur de l’échec qu’elle formulait maladroitement et son bien-être à lui.

Passer du temps avec lui.

Elle était con ou quoi ? Les yeux masqués derrière ses verres fumés, il les avait écarquillés face à cette incontestable stupidité. Hayate vivait littéralement chez lui depuis des jours, des semaines… Ça faisait combien de temps, déjà ? Il s’ébroua légèrement afin de remettre en place ses esprits, le masque de ses expressions reprenant le maussade et terne usuel. Il avait compris deux choses…

Ouais. Tu flippes.

Dit-il en grinçant, statuant en une courte résolution tout ce que lui avait inspiré les mots de l’enka-shi. Une sentence flagrante dont il ne voyait pas l’intérêt de le lui cacher. Hey, c’était normal, non ? Avoir peur de l’échec… C’était bien un truc qui ne lui était jamais arrivé au final. Pour ressentir cette crainte, il fallait oser s’aventurer dans des sentiers inconnus, sortir de sa zone de confort.

Lui, n’avait jamais fait que répondre.

Un ordre, une menace, une envie, un besoin… Tout autant de choses qui avaient provoqué une réaction de sa part, mais en aucun cas il n'avait désiré par avance quelque chose, ni même souhaité quoique ce soit avant d’être lancé sur une voie ou une autre. Pour autant le sentiment lui était totalement étranger et peut être aussi pour celà : il le comprenait. Loin d’être une figure paternelle, Michi se souvenait ce qui l’avait rassuré il y a bien longtemps, quand ses nombreux parents tentaient de consoler ses tristesses. Il posa sa main sur le crâne de la blonde, lui frottant doucement les cheveux.

J’attend rien, moi. Que dalle à foirer de ce côté là.

Dit-il en approchant son visage de celui de la jeune fille afin qu’elle parvienne même à lire sur ses lèvres s’il ne parlait pas assez fort pour elle.

T’as un job, un seul : faire gagner du pognon.

C’était simple.

T’as un plan pour y parvenir.

Limpide.

T’as un délai accordé : une-putain-d’année.

Clair et concis.

J’ai un job : empêcher quoique ce soit de faire déraper le tien.

Basique.

J’ai même pas besoin de réfléchir pour ça, juste à te garder à l'œil.

Élémentaire.

Et ça fait pas un an que t’es là que je sache. Même pas un dixième de ce temps.

Bête comme chou.

Puis il se redressa, glissant ses mains dans les poches de son pantalon en la toisant depuis sa hauteur, les reflets des lueurs de la nuit, artificielles et naturelles, passèrent sur ses traits d’ordinaire gris, colorant ceux ci d’une myriade de teintes différentes tandis qu’il poursuivit :

Tu peux rester ici le temps de parvenir à ton objectif, dans le délai qui t’es imparti. De toute façon, c’est l’endroit le plus sûr. Je te virerais pas.

C’était vrai. Et ça l’arrangeait bien.

L’appart est balèze, c’est tout juste si je me rends compte que t’es là, sauf quand tu envahis mon canapé, comme là.

C’était vrai… C’était faux… Ça lui convenait parfaitement.

Enfin, on s’en fout de moi, je ne suis qu’un outil. Mais si t’as besoin que je sois là, je suis autant une ressource du clan que l’argent qu’on peut investir dans ton projet. Selon ce que j’ai à faire, j’aviserai.

Voilà, ça devrait aller maintenant. Mais il avait dû parler énormément pour synthétiser chaque idée qui lui était venue en réaction aux problématiques de Hayate, sa bouche était incroyablement sèche. Aussi récupéra-t-il d’un geste vif la canette de thé glacé et se rinça-t-il le gosier avec avant de lui remettre en main, n’ayant pas besoin de la vider pour se rassasier.

Bref, tu flippes ? Arrête.

Conclu-t-il en allant enfin se débarrasser de sa veste dans le patio et déposant son sac de course sur la table du salon pour enfin s’installer devant ce qu’elle pouvait bien lui avoir préparé ce soir.
Murakami Hayate
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Mar 23 Juil 2024 - 15:54
Concis, droit au but. C’était un défaut pour beaucoup, une qualité pour Hayate qui se découvrait apprécier ce genre de personne franche, peut-être trop. Ou alors, ce n’était que lui ? Parce qu’il était plus vieux, ou au-dessus d’elle ? Parce qu’elle pouvait compter sur lui, plus que sur n’importe qui d’autre ? La blonde avait relevé la tête, reniflant de temps à autre sans piper mot, attentive aux palabres de son interlocuteur. L’entendre dire qu’il n’avait aucune attente vis-à-vis d’elle si ce n’était ramener de l’argent lui pinçait le cœur mais la soulageait aussi. Elle soupira en observant la canette qu’il lui avait donnée plus tôt. Alors qu’elle avait tout fait pour ne pas être dans ses pattes, l’enka-shi était déçue d’entendre Michi dire qu’il ne se rendait même pas compte qu’elle était là. Au moins, elle ne s’était pas mise cette pression pour rien : elle avait réussi à demeurer une ombre, elle qui prenait tant de place d’habitude.
Le Yakuza la sortit de ses songes du même temps qu’il lui arracha la boisson qu’il lui avait pourtant offert plus tôt. Elle s’insurgea plutôt deux fois qu’une, réitérant son mensonge par fierté :

« Je flippe pas ! » Elle poursuivit en désignant la canette d’un geste du menton. « J’ai bu dedans, tu sais ? »

Nonobstant son air fier, Hayate ne faisait pas la maline et rougissait. Elle se leva et, bien que son souffle était toujours un peu coupé, elle allait suffisamment mieux pour s’exprimer sans peine.

« T’as aucun tact, je pourrais mal l’interpréter, hein. »

Il fallait dire qu’elle avait envie de mal l’interpréter, aussi. La boisson était de nouveau entre ses mains ; elle en fixait le goulot comme quelque chose de précieux. En le gardant près d’elle, l’idole leva fièrement la tête.

« Merci, je suppose. Mpf. »

En petites foulées et sans se séparer de sa canette, la jeune femme se précipita jusqu’à la cuisine.

« Je n’ai pas vu l’heure passer, alors je n’ai pas eu le temps de chauffer mes préparations. »

Posant son trésor en sûreté dans un coin du plan de travail, elle ouvrit le frigo pour en sortir deux assiettes sur lesquelles étaient empilées des brochettes.

« J’avais envie de Yakitori, alors je me suis dis que j’allais essayer de les mettre dans le grill à poisson. » Enlevant le film plastique, elle ajouta : « Je ne vais pas pouvoir tout faire d’un coup. Heureusement, j’avais mis le grill à chauffer tout à l’heure. »

Ce n’était pas elle qui payait l’électricité, de toute évidence. Elle enfourna trois brochettes de viande et deux de champignons puis retourna au frigo pour en sortir une bière fraîche. Elle la posa sur la table, face à Michi. Ensuite, après un nouvel aller-retour, elle posa un bol de riz, un bol à sauce plein à ras-bord, et des edamames. Face aux fourneaux, dos à la brute, la chanteuse qui jusque-là était silencieuse brisa le silence. La canette dans ses mains, elle éleva la voix :

« Je peux… » Elle hésita, puis continua. « Je peux manger avec toi ? »